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particulier, elle se voulait l union de tous les hommes et de tous les
peuples se gouvernant au moyen de soviets, c est-à-dire de
« conseils », d où le nom « Union soviétique ».
Les divergences entre l Union soviétique
et le marxisme
Il existe des différences non négligeables entre l Union soviétique et la
pensée de Marx. D abord, quant à la propriété étatique des moyens de
production, devenue la clé de voûte du régime soviétique et, plus géné-
ralement, des programmes communistes, à l encontre desquels les
spécialistes de Marx rappellent sa critique du « capitaliste général » (der
allgemeine Capitalist) qui repose sur l idée de communauté à laquelle
les premiers communistes voulaient remettre tous les biens de produc-
tion. Aux yeux de Marx, ce communisme était une simple généralisation
de la propriété privée avec toutes ses perversités, c est pourquoi il
recommandait pour l heure de la révolution la mise des biens de
production, des transports, des ressources naturelles et des finances
sous le contrôle de l État, mais cette structure devait être temporaire et
devait rapidement aboutir à une organisation où les travailleurs asso-
ciés contrôleraient eux-mêmes les biens de production. Or, l Union
soviétique a fait de la mesure provisoire un idéal définitif, présenté
d ailleurs comme « humaniste ».
Le monopole d un parti unique de style soviétique
Le grand événement de 1989-1991, en lien avec l abandon d une organi-
sation économique et sociale en piètre état à laquelle on en substitua
une autre, fut d autre part surtout l abolition d un régime où le parti
avait un monopole non justifié. Dans sa philosophie de l histoire, Marx
avait bien prévu pour la révolution le rôle d un parti, mais il s agissait de
celui de la classe ouvrière. Or, on était loin de cela en Union soviétique
où les choses n avaient d ailleurs pas commencé de façon démocra-
tique mais par un coup d État, effectué par une formation minoritaire
(minoritaire bien qu ils s appelaient les bolcheviks, c est-à-dire les
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Marx et le marxisme
© Eyrolles Pratique
« majoritaires », cette appellation se référant en réalité à un vote parti-
culier dans un congrès spécifique à Londres, en 1904). La grande trans-
formation de 1989-1991 consista dans la suppression du monopole du
parti. Il y eu deux décisions successives dans chacun des partis
concernés : en premier lieu, une réforme des statuts du parti (nommé
généralement « communiste » mais « ouvrier » en Pologne), où l on
faisait disparaître l article suivant lequel le parti avait, en vertu d une
interprétation de la thèse de Marx sur l histoire, le droit de diriger la
société ; en second lieu, la réforme de la Constitution de l État qui
reconnaissait également le rôle d ordonnateur du parti communiste. Eu
égard à l article sur ce rôle du parti, ses instances (le Secrétariat général
du parti, son Comité central et son Plénum) étaient les classes dirigean-
tes dernières et quasi toutes-puissantes de l État. Le vrai chef de l État
était le Secrétaire général du parti. Or Marx n avait pas vraiment envi-
sagé cela&
Une connaissance partielle de l Suvre de Marx
Il faut encore remarquer que la pensée soviétique, voire toute pensée
communiste traditionnelle, s est formée à une époque où l on ignorait
les écrits de jeunesse de Marx qui manifestent une pensée bien plus
effervescente que le produit solidifié connu par la suite. Il s agit certes
d écrits restés à l état de manuscrits, mais ils éclairent sans doute plus
que les écrits postérieurs sur les divers aspects de la pensée de Marx. Le
jour où furent publiés les Manuscrits de 1844 (entre 1932 et 1935), les
autorités de l Union soviétique se trouvèrent mal à l aise. Tout commu-
niste fidèle à Moscou chercha à les ignorer, y compris en France (on le
voit avec Roger Garaudy dans la thèse de doctorat qu il soutint à
Moscou, mais aussi avec Louis Althusser qui s efforça de montrer que
les écrits de jeunesse avaient été rejetés par Marx lui-même). En Union
soviétique, Riazanov, le chef de file de ceux qui publièrent et firent
connaître les Manuscrits de 1844, fut d abord écarté de l entreprise de
publication des Ruvres complètes de Marx et Engels, probablement en
raison de son esprit indépendant ; il fut condamné et finalement fusillé
en 1938.
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C h a p i t r e 7 . L  U n i o n s o v i é t i q u e
© Eyrolles Pratique
L Union soviétique ne serait rien sans Marx
La disparité entre les premiers écrits de Marx (restés inconnus ou
cachés) et le communisme d Union soviétique constitue l un des
facteurs de la divergence entre le système théorique de Marx et le
communisme pratiqué dans les différentes nations. Mais il convient de
rappeler que la structure d ensemble de la pensée soviétique, voire du
communisme tel qu il a historiquement existé, dérivait pourtant de
Marx : ce n était pas une invention indépendante, comme on tendrait
quelquefois à le faire croire aujourd hui. Tout d abord, le noyau de la
philosophie de l histoire caractéristique de toute cette vision du monde
provient de Marx. De même, le communisme est subordonné à
l analyse de l économie capitaliste de Marx, même si globalement le
communisme a conçu comme définitif un remède, à savoir l étatisation
des moyens de production, qui n était que provisoire chez Marx. En
revanche, le communisme soviétique semble ne pas avoir hérité de la
vision marxiste de la politique : on ne détecte pas chez lui la méfiance
typique de Marx à l endroit de l État. Sous les noms de « matérialisme [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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